Eboulis


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Sylvain ABDULHAK - CBNA
Paysage d'éboulis


Les éboulis - ou pierriers - sont des amas de débris rocheux lentement formés et accumulés sur les versants. La mobilité des blocs de pierre dépend de leur taille et du phénomène d’érosion.

Une grande diversité de types d’éboulis peut-être distinguée selon :
  • leur granulométrie ;
  • leur teneur en terre fine ;
  • leur exposition ;
  • leur altitude.
Dans une pente, la gravité assure le tri granulométrique des blocs, permettant la coexistence de différents groupements. Les éboulis d’éléments fins se positionnent en amont des pierriers plus grossiers.

La flore associée aux éboulis dépend de facteurs comme :
  • la taille des pierres ;
  • les types de roche ;
  • la mobilité des blocs de pierre ;
  • l’exposition ;
  • le taux d’humidité ;
  • l’altitude ;
  • l’enneigement.

Eboulis mobiles ou éboulis stables : des adaptations différentes

Eboulis mobiles

Sur des éboulis mobiles, le recouvrement de la végétation (souvent inférieur à 5 %) est entravé par le déplacement des pierres qui brisent et écrasent les racines, tiges et feuilles ou qui ensevelissent les parties aériennes. Seules les plantes adaptées à suivre les mouvements du substrat et capables de refaire surface après enfouissement parviennent à prospérer dans ces pierriers. Elles sont qualifiées de lithophytes migrateurs lorsqu’elles accompagnent les mouvements des pierres et du substrat.


Eboulis stables

Les plantes qui évoluent sur des éboulis stables sont qualifiées de lithophytes recouvreurs. Elles sont nettement plus grêles et fragiles que leurs homologues lithophytes migrateurs.


Eboulis fins ou de gros blocs : une végétation plus ou moins haute

Les plantes qui s’installent dans les chaos de gros blocs sont plus hautes que dans les autres types d’éboulis. Contrairement aux pierriers de matériaux fins et souvent mobiles, les chaos rocheux sont habituellement stabilisés. L’épaississement du sol permet peu à peu l’installation d’arbres et arbustes à basse altitude.


Eboulis calcaires ou siliceux

On distingue les éboulis dont la roche est calcaire de ceux dont la roche est siliceuse.

Les éboulis siliceux sont acides et constitués principalement de minéraux riches en silice, d’origine sédimentaire ou détritique (grès, silex), volcanique ou provenant du manteau terrestre (gneiss, granite). Les éboulis calcaires sont basiques et également constituées de roche sédimentaire formées majoritairement par l’accumulation de squelettes de micro-algues et d’animaux marins. Ces derniers sont généralement de couleur blanche.

Les éboulis mobiles siliceux sont moins diversifiés sur le plan floristique que leurs équivalents calcaires, car moins friables, plus grossiers, et pauvres en terre et en petits éléments. Plus encore que d’autres habitats rocheux, les éboulis calcaires de montagne abritent de très nombreuses plantes endémiques, hautement spécialisées.


Spécificités selon l'altitude

En haute altitude

Sur les éboulis très fins de haute altitude, la végétation est rase et clairsemée. Elle se développe sur :
  • un substrat frais et humide à la surface ;
  • avec une forte teneur en terre fine ;
  • et sur des matériaux fins et peu mobiles en raison de la faible pente et du tassement par la neige.
La végétation doit s’adapter à un enneigement partiel : les floraisons interviennent précocement, dès la fonte des neiges. Ces éboulis fins de montagne sont souvent dominés par un cortège d’espèces arcticoalpines.

Altitudes moyennes et basses

A moyenne altitude, sur des éboulis stables et humides, la végétation est plus recouvrante (jusqu’à 30 % de recouvrement). Aux plus basses altitudes, la flore est moins spécialisée et moins résistante aux conditions extrêmes. Les éboulis ensoleillés et riches en éléments fins et terreux sont fortement recouverts (jusqu’à 40 %).

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Sylvain ABDULHAK - CBNA
Éboulis de haute altitude

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Luc GARRAUD - CBNA
Éboulis de basse altitude

Un cas particulier : les moraines

Les moraines sont des éboulis spécifiques, composées d’amas de débris rocheux de tailles diverses charriés et accumulés par les mouvements des glaciers. Elles combinent en mélange des matériaux rocheux tant calcaires que siliceux qui composent les versants.


Evolution du milieu

A l’étage subalpin, dans les stations peu soumises à l’érosion ou à pente faible, les pierriers stabilisés sont peu à peu colonisés par des pelouses et des landes calcicoles.
Aux étages forestiers, landes et boisements prennent progressivement le relais là où les contraintes mécaniques ne sont pas trop fortes.


Menaces

Les éboulis sont généralement peu affectés par les activités humaines, en raison de leur accès difficile. Ils peuvent cependant être impactés par :
  • la construction d’infrastructures, de carrières : les extractions de matériaux sont fréquentes à basse altitude ;
  • certaines activités sportives (canyoning, escalade) qui contribuent à la dégradation de sites et de leurs végétations associées.


Les éboulis représentés au jardin de Gap-Charance