Biodiversité cultivée


La biodiversité est parfois étroitement liée à l’agriculture.
Des plantes sauvages élisent domicile au sein de nos champs de céréales cultivées. Il s’agit d’espèces annuelles, parfaitement adaptées aux cycles saisonniers des cultures céréalières. On les appelle les plantes messicoles. Par ailleurs, l’homme façonne depuis longtemps les pelouses et prairies alpines par le pâturage et la fauche.
Néanmoins, ces végétations compagnes des cultures pâtissent des effets de l’agriculture intensive : surpâturage, intrants, herbicides...


Les messicoles


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Luc GARRAUD - CBNA
Coquelicots et bleuets dans un champ de blé


L’histoire des espèces messicoles reflète les relations étroites qui se sont tissées entre ces plantes et l’expansion humaine depuis le Néolithique. De nombreuses espèces sont devenues subcosmopolites et accompagnent encore aujourd’hui l'expansion des surfaces et espèces cultivées.


Stratégie de reproduction

Ces plantes ont adopté diverses stratégies de reproduction.
Pour permettre la floraison avant la moisson, le développement des plantes messicoles est très précoce, dès le début du printemps et souvent rapide. Certaines espèces plus tardives restent rampantes tel que le Grand polycnemum (Polycnemum majus) et échappent ainsi à la coupe lors de la récolte des céréales. D’autres plantes adoptent encore une autre stratégie : fleurir après la moisson grâce au développement rapide de tiges florifères.
Par ailleurs, l’ensemble des taxons assurent en partie leur dispersion grâce aux travaux du sol (banque de semences déplacées à la surface…).


Evolution du milieu

Les messicoles sont éphémères et dépendantes du caractère cultivé de leur habitat. En cas d’arrêt des pratiques agricoles, les espèces messicoles disparaissent rapidement et ces milieux évoluent vers des friches.


Menaces

La flore messicole paye aujourd’hui un très lourd tribut à la modernité :
  • désherbage chimique ;
  • fertilisation excessive des sols ;
  • labour adapté à d’autres cultures (maïs, tournesol…) ;
  • mécanisation et meilleur tri des semences…


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Léa BIZARD - CBNA
Cycle d'une messicole

La conservation de ces espèces est complexe car elle nécessite le maintien de pratiques très extensives. Les initiatives de conservation et de restauration sont à encourager :
  • parcelles de multiplication ;
  • jardins conservatoires ;
  • introduction dans des jachères ;
  • pratiques agricoles plus adaptées…
Un plan national d’actions est mis en place depuis 2012 afin de guider les démarches visant à maintenir ces “habitantes des moissons”. Vous trouverez à cette adresse l’ensemble des actions mises en œuvre.
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Sylvain ABDULHAK - CBNA
Une plante messicole,
l’Adonis d’été (Adonis aestivalis)


Le champ de messicoles du jardin de Gap-Charance



Prairies de fauche


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Jean-Charles VILLARET - CBNA
Prairie de fauche


Les prairies de fauche sont des milieux relativement denses et homogènes, dominés par les graminées. Au moment de la floraison, la strate herbacée peut dépasser les 1 m de hauteur. Des dicotylédones s’associent aux graminées, offrant de belles couleurs à la floraison : Salsifis des prés (Tragopogon pratensis), Cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), Marguerite commune (Leucanthemum vulgare)...


Un refuge pour la faune

De par leur grande diversité florale, ces prairies sont favorables à l’installation d’une riche entomofaune. Dans ces milieux, des insectes phyllophages, pollinophages, nectarivores, phytophages, granivores se côtoient, ainsi que leurs prédateurs (oiseaux, chiroptères).

On y trouve également des oiseaux prairiaux rares et menacés pour leur cycle de reproduction : l’Alouette des champs (Alauda arvensis), le Pipit des arbres (Anthus trivialis), le Tarier des prés (Saxicola rubetra) et la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) par exemple. Ces deux derniers sont classés « en déclin » sur la liste rouge des oiseaux menacés de France.


Des milieux façonnés par la fauche

Se développant sur des sols fertiles initialement occupés par la forêt, ces prairies sont purement anthropogènes et façonnées par des siècles de fauche. A ce titre, elles représentent un véritable patrimoine culturel qu’il est important de préserver. Elles sont traditionnellement fauchées une à deux fois par an : en fin de printemps-début d’été puis à l’automne. Les espèces sont adaptées à des coupes répétées en possédant :
  • une croissance rapide ;
  • d’importantes capacités de régénération ;
  • une multiplication végétative intense (par le phénomène de tallage permettant à la plante de former de multiples tiges à partir d'un plateau de tallage au niveau du sol).
Les prairies de fauche supportent bien, et parfois exigent, une fumure modérée afin de compenser les pertes en nutriments liées à l’exportation de fourrage.

L’abandon de la fauche se traduit par une abondante floraison les premières années suivi d’un appauvrissement du cortège floristique. Ce phénomène s’explique par l’expansion des herbacées sociales compétitives et l'installation progressive d'arbustes.


Menaces

Bon nombre des prairies de fauche ont été converties en prairies temporaires ou artificielles par labour et semis de graminées et légumineuses à haut potentiel fourrager. En plaine, de vastes surfaces ont été transformées en cultures ou grignotées par l’urbanisation. Les prairies de fauche de montagne ont moins souffert que leurs homologues de plaine.


Les prairies de fauche du jardin de Gap-Charance

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