Plantes aquatiques


image PA_1_Introduction_milieu.jpg (0.5MB)
Thomas SANZ - CBNA
Herbier aquatique


Les plantes aquatiques se développent dans les mares, étangs, plans d’eau et lacs, ainsi que dans les parties calmes des cours d’eau ou parfois les fossés aux eaux stagnantes ou faiblement courantes.

Les communautés végétales diffèrent selon les caractéristiques du milieu aquatique :
  • l’acidité/l'alcalinité de l’eau (pH) ;
  • la teneur en minéraux et en nutriments ;
  • la température ;
  • le substrat : graveleux, sableux, limoneux, argileux (granulométrie), vaseux, tourbeux… ;
  • l’oxygénation ;
  • la profondeur : quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres ;
  • l'altitude à laquelle se situe le point d’eau ;
  • l’intensité du courant.
Ainsi, certaines espèces sont indicatrices d’une eau plutôt calcaire (Ceratophyllum demersum), d’autres d’une eau pauvre en nutriments (Utricularia minor)...


Une végétation diversifiée

Les végétaux aquatiques ou de pleine eau sont appelés hydrophytes. Ces plantes aquatiques peuvent être enracinées, immergées ou nageantes.


Les pleustophytes

Les pleustophytes sont les végétaux aquatiques non fixés au substrat par les racines, rhizoïdes ou rhizomes. Ils vivent donc libres dans l’eau ou à sa surface et subissent des déplacements passifs par les courants et/ou le vent. L’exemple le plus connu de ces plantes est celui des lentilles d’eau.


Les characées

La famille des characées est composée d’espèces proches des algues vertes. Elles se développent en eau douce à saumâtre. Ces végétaux sont constitués d’un axe principal portant des rameaux (ou phylloides) plus ou moins verticillés. Les characées rassemblent notamment les genres Chara, Nitella et Nitellopsis.


Les utriculaires

Les utriculaires sont des petites plantes aquatiques carnivores étonnantes. Elles possèdent en effet de petites outres disposées sur leurs rameaux immergés. La plante remplit ses poches par brusque aspiration de l’eau et des petits animaux qui s’y trouvent dès qu’un mouvement est détecté. Ces derniers sont ensuite lentement digérés, offrant à ces plantes un complément nutritif.


Morphologie des peuplements végétaux

Les peuplements végétaux se présentent selon les cas en tapis dense à clairsemé ou en touffes dispersées.

Les characées des genres Nitella et Chara comme la Nitelle flexible (Nitella flexilis) ou la Chara de Braun (Chara braunii) forment rarement des peuplements étendus. A l’inverse, les herbiers à nénuphars ou à potamots à feuilles larges peuvent former des peuplements denses en surface qui ralentissent ou empêchent l’installation d’herbiers aquatiques immergés en limitant la pénétration de la lumière dans les strates d’eau inférieures.

Dans tous les cas, les peuplements sont composés d’un nombre d’espèces restreint (paucispécifiques).

image PA_2_Nuphar_lutea.jpg (0.3MB)
Jean-Charles VILLARET - CBNA
Nénuphar jaune



Floraison

Les herbiers aquatiques possèdent un aspect esthétique indéniable grâce à leur floraison au-dessus de la surface de l’eau. Les radeaux flottants d’Utriculaire méridionale (Utricalaria australis) ou de Morène (Hydrocharis morsus-ranae) fleurissent par exemple de façon spectaculaire. C’est aussi le cas des nénuphars et des renouées amphibies. D’autres hydrophytes, comme le Cornifle, possèdent une floraison passant presque inaperçue.

Après l’optimum de floraison estivale, la végétation de surface disparaît souvent totalement en hiver. Les hydrophytes ne subsistent alors que sous la forme de rhizomes enfouis dans la vase du fond.

image PA_6_utricularia_australis.jpg (0.3MB)
Gilbert BILLARD - CBNA
Utriculaire méridionale


Des espèces adaptées à la vie aquatique

Les végétaux aquatiques possèdent des adaptations biologiques et morphologiques leur permettant de se développer dans l’eau et de s’y maintenir :
  • la banque de graines enfouie dans la vase permet aux herbiers aquatiques de supporter les assecs d’étangs plusieurs années de suite, avant de réapparaître lors de conditions favorables ;
  • la tolérance et l’adaptation morphologique des tiges et des feuilles au courant : par exemple, le Potamot dense (Groenlandia densa) peut se développer dans les eaux stagnantes ou courantes ;
  • un tissu végétal aéré permet aux feuilles de flotter (aérenchyme).


Des milieux à préserver

Les herbiers aquatiques offrent nourriture, abri et lieu de reproduction à la faune aquatique ou amphibie (invertébrés, odonates, poissons, amphibiens, oiseaux…).

Ces milieux hébergent également de nombreuses espèces végétales rares et menacées, dont :
  • le Potamot graminée (Potamogeton gramineus) ;
  • la Grande utriculaire (Utricularia australis) ;
  • le Cornifle submergé (Ceratophyllum submersum) ;
  • la Morène (Hydrocharis morsus-ranae) ;
  • le Faux nénuphar (Nymphoides peltata) ;
  • la Mâcre nageante (Trapa natans) ;
  • la Caldésie à feuilles de Parnassie (Caldesia parnassifolia) ;
  • l'Hottonie des marais (Hottonia palustris).
D’autres sont protégées :
  • la Lentille d’eau à trois sillons (Lemna trisulca) ;
  • la Spirodèle à plusieurs racines (Spirodela polyrhiza) ;
  • la Morène (Hydrocharis morsus-ranae) ;
  • le Nénuphar jaune (Nuphar lutea) ;
  • le Nénuphar blanc (Nymphaea alba) ;
  • le Faux nénuphar (Nymphoides peltata) ;
  • la Caldésie à feuilles de Parnassie (Caldesia parnassifolia) ;
  • le Potamot allongé (Potamogeton praelongus) ;
  • le Potamot filiforme (Stuckenia filiformis) ;
  • l'Hottonie des marais (Hottonia palustris).


Evolution des milieux

En l’absence d’interventions humaines, les végétations aquatiques des eaux stagnantes changent et les pièces d’eau se comblent naturellement au cours du temps. Les milieux pionniers et oligotrophes à Chara évoluent progressivement vers des milieux plus riches en nutriments par production de biomasse et accumulation de sédiments organiques. Durant les derniers stades de comblement, les herbiers à nénuphars et potamots à feuilles larges cèdent la place aux végétations amphibies, magnocariçaies et roselières.

Ces milieux sont directement affectés par les modifications de régime hydrique :
  • périodicité des assecs ;
  • modification du débit ;
  • intensité des crues…
Par exemple, une augmentation du marnage entraîne une évolution des végétations aquatiques vers des formes amphibies.


Menaces

La dégradation de la qualité de l'eau (eutrophisation, pollution, turbidité…) constitue la principale cause de disparition de certains herbiers aquatiques. Les apports d'azote, de phosphore ou de matière organique utilisés en agriculture atteignent les pièces d’eau par ruissellement et provoquent une eutrophisation des milieux aquatiques. La résorption de ce problème est complexe et nécessite une réflexion à l’échelle du bassin versant.

L’altération mécanique prononcée des pièces d’eau (curage ou comblement, création de berges abruptes) mène à la régression de leurs communautés végétales. A l’inverse, certains habitats aquatiques pionniers sont favorisés par les interventions humaines telles que le curage modéré, la création d’ornières, d’abreuvoirs ou de mares et l’exploitation de gravières.

Le développement d’espèces exotiques invasives comme l’Elodée du Canada (Elodea canadensis), la Vallisnérie spiralée (Vallisneria spiralis) ou la Jussie rampante (Ludwigia peploides) constitue également une menace. Ces espèces concurrencent la flore locale et entraînent un appauvrissement de la biodiversité du milieu.

image Elodea_canadensis.jpg (0.5MB)
Jean-Charles VILLARET - CBNA
Elodée du Canada

image Ludwigia_peploides.jpg (0.6MB)
Gilles PACHE - CBNA
Jussie rampante


Les herbiers aquatiques représentés au jardin de Gap-Charance