Prairies humides


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Jean-Charles VILLARET - CBNA
Prairie humide


Les prairies humides sont des milieux ouverts caractérisés par une végétation dense de hautes herbes. Ces végétations sont dominées par des graminées (prairies à Molinie), ou des dicotylédones (pâtures à Populage des marais par exemple). Les cypéracées sont présentes mais moins abondantes que dans les végétations de bas-marais. Ces habitats se retrouvent à basse altitude et jusqu’à 2000 m, souvent imbriqués en mosaïque avec d’autres communautés hygrophiles.

Les prairies humides s’établissent dans des contextes variés :
  • les plaines alluviales du lit majeur des grands cours d’eau ;
  • les fonds de vallons parcourus par des ruisseaux ;
  • les ceintures externes de tourbière ou de lac ;
  • les pentes suintantes ou humides ;
  • les bordures de cours d’eau ou de fossés.
On observe différents types de prairies selon :
  • le taux d’humidité du sol ;
  • la teneur en nutriments (sols oligotrophes à eutrophes) ;
  • la texture (sols limono-argileux, sols sableux, sols tourbeux... ) ;
  • le pH.


La présence d'eau

Ces prairies sont liées à la présence d’eau, variable selon les saisons. Les espèces qui s’y développent sont donc adaptées à des périodes d’immersion plus ou moins prolongées.

L’alimentation en eau peut provenir :
  • des précipitations ;
  • d’apports latéraux (cours d’eau ou crues) ;
  • de remontées de la nappe phréatique ;
  • de la fonte des neiges en altitude.

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Jean-Charles VILLARET - CBNA
Prairie humide


Un habitat à préserver

Les prairies humides présentent généralement une importante richesse floristique et abritent des plantes rares et menacées telles que l’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora), le Glaïeul des marais (Gladiolus palustris) ou encore la rarissime Iris de Sibérie (Iris sibirica).

Ce sont également des habitats privilégiés pour les oiseaux prairiaux comme le râle des genêts, devenu très rare en France, ainsi que pour certains papillons emblématiques des prairies humides. On peut par exemple citer l’Azuré des paluds (Phengaris nausithous) et l’Azuré de la sanguisorbe (Phengaris teleius), deux papillons utilisant la Grande pimprenelle (Sanguisorba officinalis) pour leur reproduction.

De par leur capacité de rétention de l’eau, ces prairies permettent de diminuer l’intensité des inondations en stockant l’eau en excès. Elles la relarguent ensuite durant les périodes de basses eaux. Elles possèdent également une forte capacité d’épuration et assurent un rôle de filtre.


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Gilles PACHE - CBNA
Orchis à fleurs lâches

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Gilles PACHE - CBNA
Glaïeul des marais

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Gilles PACHE - CBNA
Grande pimprenelle



Des prairies façonnées par la fauche

La plupart de ces prairies humides sont modelées et entretenues par un fauchage estival, parfois suivi de pâturage à l’automne. Ce mode de gestion est essentiel pour le maintien des espèces inféodées aux prairies de fauche. L’abandon de cette pratique entraîne une modification de la composition floristique puis l’arrivée de certains arbustes comme la bourdaine, initiatrice d’un reboisement progressif.

Dans le cas particulier des prairies alluviales, leur composition floristique et leur bonne valeur fourragère sont étroitement liées à la régularité des crues hivernales permettant un apport en eau et une fertilisation naturelle par dépôts successifs des limons. Ces prairies sont donc dépendantes de la bonne fonctionnalité hydrologique du cours d’eau associé (absence de digues et de systèmes de régulation du débit).


Des prairies façonnées par le pâturage

Certaines prairies humides sont utilisées pour la pâture (essentiellement pâturage bovin ou équin). La flore est adaptée à l’abroutissement et au tassement du sol : les espèces sont souvent rampantes ou stolonifères et de préférence à forte multiplication végétative.

Lorsqu’elles sont régulièrement pâturées, ces prairies sont peu menacées par les risques d’embroussaillement mais peuvent souffrir d’un excès d’eutrophisation lié aux déjections animales et d’un sur-piétinement. Des espèces nitrophiles indésirables et non consommées par le bétail telles que la Patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius) peuvent alors apparaître.

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Gilbert BILLARD - CBNA
Bovins à la pâture

Des milieux menacés et en régression

Les prairies humides, et plus particulièrement les prairies humides de fauche, sont en net déclin à cause de l’évolution des activités humaines. Elles sont menacées par :
  • le drainage et l’urbanisation ;
  • la fertilisation et l’utilisation d’herbicides ;
  • l'intensification de la fauche ;
  • la mise en culture (prairies artificielles, maïs) ou en pâture.
Ces milieux sont également particulièrement vulnérables face à l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes (asters américains, solidages...).

Les prairies alluviales quant à elles subissent les modifications du fonctionnement hydrologique des rivières : captage et pompage pour l’irrigation, endiguement, régulation du débit, pollution des eaux...


La prairie humide représentée au jardin de Gap-Charance

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