Rochers


Les roches paraissent être des milieux hostiles au développement des végétaux. Pourtant, les milieux rocheux - dalles comme parois - hébergent de nombreuses espèces hautement spécialisées.


Dalles rocheuses


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Luc GARRAUD - CBNA
Un exemple de dalle rocheuse


Les dalles rocheuses sont des affleurements rocheux d’inclinaison variable mais généralement faible (par opposition aux parois). Elles ne présentent qu’un sol superficiel pauvre en nutriments établi directement sur le substrat rocheux. Celui-ci affleure à maints endroits. On retrouve ces dalles dans tout le massif des Alpes, à des altitudes et sur des substrats géologiques variés.


Particularités de la flore des dalles

La végétation qui colonise les dalles rocheuses forme des pelouses pionnières, plutôt stables. La végétation y est herbacée et principalement vivace, rase et clairsemée. Plus on monte en altitude, plus la végétation est basse et le recouvrement faible.

Les espèces dominantes sont diverses : chaméphytes crassulescents appartenant au genre Sedum (Orpin de Nice, Sedum sediforme ; Orpin blanc, Sedum album), lichens et bryophytes terricoles et saxicoles... Sur les dalles siliceuses, on retrouve aussi des espèces comme les joubarbes.

Ce sont en majorité des plantes adaptées à la sécheresse de ces milieux grâce à leur capacité de stockage ou d’économie d’eau : feuilles crassulescentes, cireuses, poilues, ou s’enroulant en cas de dessèchement...

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Gilbert BILLARD - CBNA
Orpin de Nice

Menaces

Les pelouses pionnières des dalles rocheuses sont plutôt stables mais sont sensibles à l'érosion et au défrichement. Elles peuvent être menacées par la fermeture des milieux (peu à peu colonisés par des garrigues basses et buissonnantes) ou par des actions humaines telles que la création de carrières, de routes…
Elles sont particulièrement riches en espèces végétales et animales, dont certaines sont rares et protégées.

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Luc GARRAUD - CBNA
Saxifrage à trois doigts (Saxifraga tridactylite)


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Thomas LEGLAND - CBNA
Racomitrium elongatum



Parois rocheuses


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Luc GARRAUD - CBNA
Fourré de vires rocheuses calcaires chaudes à Genévrier thurifère


Les parois rocheuses sont des versants proches de la verticale que l’on retrouve dans tout le massif des Alpes à des altitudes variées. On distingue les parois dont la roche est calcaire de celles dont la roche est siliceuse.

Selon l’étage, le versant (ubac, adret) et l’exposition, la flore saxicole varie énormément. La végétation qui colonise les parois doit s’adapter à des contraintes spécifiques liées à ces milieux :
  • la verticalité ;
  • l’absence de sol ;
  • l’altitude ;
  • les climats contrastés.

Des espèces pionnières exploitant les fissures de la roche

La flore des parois peut s’implanter à même la roche (lichens et bryophytes), sur des tapis de mousses ou bien prendre racine dans le sol présent dans les fissures de la roche. Les eaux de ruissellement (pluie, fonte des neiges) apportent dans les fentes des minéraux produits par l’altération des roches et des débris organiques, indispensables aux plantes.

Les espèces pionnières, en particulier des lichens et des mousses, contribuent à la formation du sol dans un milieu où il est quasiment absent. En effet, les végétaux pionniers participent à l’érosion de la roche par leur action chimique et mécanique (sécrétion de molécules favorisant la dissolution des minéraux de la roche ou dissociant les minéraux) et génèrent de la litière en mourant.

Le sol des parois est plus ou moins mince et concentré dans les (micro)fissures de la roche. Les plantes chasmophytes contribuent à élargir ces dernières en y favorisant la pénétration d’eau et - selon l’altitude - la dissolution des minéraux et la gélifraction.


Une végétation clairsemée et spécifique aux parois

La végétation est dominée par des plantes basses qui restent clairsemées : le maigre sol présent dans les fissures ne permet pas le développement d’une flore plus opulente. La végétation vasculaire n’atteint généralement pas plus de 15 % de recouvrement. Seuls les bryophytes et les lichens peuvent avoir un recouvrement plus important. La strate sous-arbustive voire arbustive peut toutefois être bien développée. Des arbres isolés peuvent même s’installer à la faveur d’une fissure un peu plus large et persister pendant des décennies.

Certaines des espèces présentes dans ces biotopes sont uniquement associées aux parois. C’est par exemple le cas de la Primevère d’Allioni (Primula allionii) et de la Doradille du Verdon (Asplenium jahandiezii).

Hormis les plantes implantées sur des tapis de mousses, la croissance sur une paroi nécessite un fort allongement du système racinaire et une certaine frugalité. Étant donné le maigre substrat, la croissance des végétaux y est souvent très lente et les ligneux rachitiques.


Spécificités selon les types de parois

Importance de la nature de la roche

Les parois siliceuses sont acides et constituées principalement de minéraux riches en silice, d’origine sédimentaire ou détritique (grès, silex), volcanique ou provenant du manteau terrestre (gneiss, granite). Les parois calcaires sont basiques et également constituées de roche sédimentaire formées majoritairement par l’accumulation de squelettes de micro-algues et d’animaux marins. Ces dernières sont généralement de couleur blanche. Les parois siliceuses sont moins poreuses et moins perméables que les parois carbonatées, et restituent donc plus facilement l’eau, favorisant un meilleur développement de la végétation.

Les parois sont favorables à l’implantation des végétaux si elles sont fracturées. A l’inverse, les parois lisses ou très fragiles restent peu colonisées : elles ne permettent pas une implantation pérenne de la végétation.


Importance de l'altitude

La végétation des parois dépend également de l’altitude.

On retrouve certaines parois de basse altitude en milieux forestiers. La flore y est principalement représentée par des petites fougères et des mousses.
Plus on monte en altitude, plus les plantes sont naines et dispersées. Elles adoptent alors des formes en coussinets denses (androsaces, saxifrages) ou des petites rosettes compactes (primevères, draves). Leurs feuilles sont plus coriaces, cireuses ou poilues, souvent épaisses et charnues pour stocker l’eau. Les mousses et lichens peuvent se dessécher complètement puis se réhydrater.
On retrouve les plantes saxicoles aux étages les plus élevés et dans des microclimats sévères à fortes amplitudes thermiques (intenses sécheresses, enneigement). On y retrouve beaucoup d’espèces endémiques, des genres Androsace, Primula, Draba, Potentilla et Saxifraga.

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Jean-Charles VILLARET - CBNA
Androsace de Vandelli

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Véronique BONNET - CBNA
Potentille luisante

Importance de l'exposition

Les parois ensoleillées et arides abritent une flore très adaptée aux fortes contraintes régnant sur ces biotopes. On y retrouve surtout des hémicryptophytes. Il s’agit de plantes vivaces qui en saison défavorable font disparaître leurs parties aériennes. Ces plantes pionnières sont aptes à supporter de longues périodes de sécheresse et de fortes fluctuations thermiques.

Dans les stations plus ombragées et humides, le recouvrement de la végétation est plus important. Les conditions climatiques et thermiques varient peu durant les saisons. La flore y est donc moins spécifique et moins tolérante aux variations d’humidité et de température. La végétation s’installe parfois sur un tapis de mousses recouvrant les parois. Les racines sont alors moins profondes, contrairement aux végétations saxicoles de pleine paroi constituées de véritables chasmophytes. On retrouve ces milieux humides notamment au pied des parois, dans des ravins et au fond de gorges encaissées. La strate herbacée y est souvent dominée ou largement constituée par des fougères sciaphiles.

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Gilbert BILLARD - CBNA
Capillaire des murailles
(Asplenium trichomanes)


Evolution du milieu

Seuls les écroulements brutaux de pans rocheux, en éliminant les communautés végétales en place, participent à la dynamique de ces milieux. Les façades rocheuses mises à nue sont alors très lentement de nouveau colonisées.


Menaces

Les parois sont des milieux globalement peu menacés et affectés par les activités humaines en raison de leur accès difficile. Elles peuvent néanmoins être perturbées par :
  • la construction de carrières, de routes ;
  • les activités de montagne comme le ski, l’équipement de voies d’escalade ;
  • les cueillettes excessives, par exemple du Génépi.
Les parois abritent des plantes endémiques des Alpes comme la Primevère du Piémont (Primula pedemontana) dans les parois siliceuses des étages montagnard à nival. Elles sont aussi l’habitat d’oiseaux rupestres rares et menacés, permettant leur nidification. La prise en compte des stations d’espèces rares est primordiale lors des aménagements de ces milieux.

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Jean-Charles VILLARET - CBNA
Primevère du Piémont

Les parois représentées au jardin de Gap-Charance


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